Premier passage aux toilettes___*(Evey)

*Comme si ça avait la moindre importance* pensa Evey quand la nouvelle lui donna son prénom * Elle va rester pendant un bon bout de temps « la nouvelle » à nos yeux…*

Miss Collins observa la jeune fille, mais contrairement à June, elle le fit sans la moindre retenue. N’importe quelle élite pouvait se permettre de toiser els autres, et Ev’ ne se le fit pas dire deux fois. Elle la regarda de la même façon que le vautour observe un petit rongeur avant de fondre sur lui. Evey venait d’avoir une idée… Elle décida de tester June. La petite brune avait du style, c’était sûr, mais pas encore l’allure qui caractérisait les populaires. Evey lui lança son sourire spécial rencontre, un sourire destiné aux gens qu’elle ne connaissait pas, et de qui elle voulait se faire une opinion. Un sourire qui déstabilisait tout le monde… Un simple sourire franc et amical, sincère et généreux, un sourire qu’on réserve aux gens qu’on aime le plus au monde. En quoi est ce déstabilisant ? Simplement par le fait qu’elle associe ça à un regard haineux et glacial. Les gens ne savent jamais ce que pense Evey, de cette façon. Elle dit à June :

Cette petite June avait de la répartie, et du venin, mais n’était peut-être pas aussi pernicieuse qu’Evey… La jolie Collins pouvait être si vipère quand elle le pouvait, qui s’y frotte s’y pique… Entre les différentes facettes de la jolie brune, changement radical : la plus adorable des confidentes, la plus irrésistible des charmeuses, la plus dangereuse des garces. Et malheureusement pour June, ce fut cette troisième image d’Evey qu’elle rencontra. D’ailleurs, cette dernière s’amusait tellement à jouer les pestes, qu’elle n’eut aucun remords pour cette pauvre June qui ne lui avait rien fait. Ce n’était pas souvent qu’elle trouvait un adversaire à sa taille. Car oui, qu’elle l’admette ou non, cette nouvelle était aussi douée qu’elle pour les conflits.

Après la remarque de June, Evey recula de quelques pas, et s’adossa aux lavabos, les bras croisés en dessous de la poitrine.

Evey s’interrogeait sur les paroles de June « Intimider tout le monde pour te faire respecter ? » Mais dans quel monde vivait-elle ? On n’est pas dans la cité ici, on est dans le luxe, et dans le monde confortable et hypocrite où vivait Miss Collins, on ne veut pas se faire respecter. Tout ce qu’on veut, c’est se faire remarquer, il y a une énorme nuance, que June ne semblait pas prendre en compte. Ses joues chauffaient et se teintaient au fur et à mesure d’un rose foncé, ce qui était mauvais signe. Elle souriait, mais ce sourire n’avait strictement rien d’amical, c’était un sourire qui faisait encore plus mal qu’une gifle pour celui auquel il était destiné, et Evey ne s’en servait qu’en cas d’extrême besoin.

June parla du père d’Evey… Apparemment, la petite Appelby était perspicace, et avait remarqué le statut d’Ev’, ce qui ne l’avait pourtant pas empêché de lui tenir tête.



June enchaina avec une phrase qu’elle finit par le mot « chérie » d’un air de dégout, et une lueur s’alluma dans le regard d’Evey. Cette dernière avait employé ce sobriquet exprès pour l’exaspérer, et la nouvelle venait de trahir que son plan avait marché, ce qui fut une victoire pour Evey.